Les plateaux d'Edeloth

"Vois tu Emerak, vois-tu comment chacun de ces hommes ne se soucient aucunement des jours qui viendront ? Chacun pourrait tourner la tête, observer les mêmes hommes présents dans son rang, et se dire que peut être seule la moitié ne reviendra en Tela... mais en voit tu un seul qui détournes la tête ? En vois tu un seul ? Non évidemment... aucun ne le fait..."

Sur sa noire monture, Dared juge l'avancée de ses hommes : malgrès une nuit entière de marche, aucun n'a ralenti, la cadence reste parfaite. À ses côtés, une forme plus frêle, couverte d'une toge noire la masquant de la tête aux pieds : Emerak, jeune apprenti ayant rejoint le convoi avec quelques commandants.

"Ils sont tous fier de servir Ahmteashar ! Et ton rôle, en tant que futur meneur d'hommes, et qu'ils gardent celà en tête... même au milieu du débacle..."

Sa voix redevient tout d'un coup plus mordante, cinglant le jeune homme comme une lanière de cuir.

"Ce que je ne te souhaite pas Emerak..."

Le soleil est revenu, les rayons de l'aube viennent caresser la terre sale des plateaux alors qu'un vent calme se lève. Dared serre alors vivement sa bride, tournant son cheval vers l'est, où au loin on peut discerner un un reflet peu naturel : un ost de guerriers en marche.

"Des impériaux Emerak... ils viennent ce joindre à ce mortel ballet, sans même savoir qui mène la danse. Je pense que c'est nos mouvements qui les inquiètent, et non pas ceux de La Modeleuse... Qu'importe, leur arrivé ne sera que plus parfaite... Un théâtre comme il disait, il faudra que je te présente celui des notres qu'on appelle Alucard, il ajoutera un petit quelquechose à ta formation, même si il frôle l'hérésie..."

Emerak ne parle pas, conscient de la chance qu'il a qu'un tel maître lui accorde un flot si important de paroles. Bien que l'exercice en est plus difficile : y trouver ce qui est pertinent et ce qui n'est là que pour perdre l'apprenti. Dared ramène son cheval face à l'armée, et commence à se diriger vers le petitt sentier qui le fera quitter sa position surélevées pour rejoindre ses hommes, intimant à son élève l'ordre de le suivre d'un mouvement de la tête.

" En route jeune Emerak... l'heure est venue pour toi de connaître l'Ordalie : Le Jugement de Dieu... "

Dans l'ombre d'un arbre, une créature observait le défiler de soldat sur la plaine. De ses étranges yeux de couleurs différentes, elle fixait tout particulièrement l'humain monté sur son destrier, à l'écart.

*...Il nous faudra réagir. Nous ne laisserons pas faire...*

Puis elle s'en retourna, s'évanouissant dans la légère brume matinale...

"-Les premiers eclaireurs ont été repérés... ne ne sera plus qu'une question d'heures."
"-Excellent commandeur... je vous laisse donc aux préparatifs de la bataille."

Comme à chaque rencontre avec un homme de cette Caste, le commandeur Irrian était mal à l'aise. Il ne le montrait pas évidemment, et ses traits balafrés et ridés n'exprimait que le calme le plus total. C'était un sentiment indigne qui l'habitait, il le savait, d'autant plus devant un exemple de Foi comme Dared... mais pourtant... Cela l'inquiétait plus que le combat à venir, les impériaux pourraient ne pas comprendre, à ce moment là il serait pris en tenaille entre la Phalange en marche, et la milice locale... Mais cela il ne le craignait pas, une part d'Ahmteashar était en lui, comme en chacun de ses guerriers. Ils ne failliraient pas... pas devant cet homme...

Eralan, capitaine d'Edeloth, contemplait l'avancée de l'armée ennemie dans la plus parfaite immobilité, terrorisé. Ce qu'il pouvait observer en premier lieu ne semblait pas anormal. Des guerriers, en armure de cuir, et portant diverses armes plus ou moins facturées : une force levée par une quelconque puissance influente, mais manquant de moyens. La deuxième vague était plus inquiétante... cela ne resemblait guère à quelquechose de conventionnel... des guerriers, haut de deux mètres, nus et dont les seules armes visibles semblaient être les protubérances osseuses terminant leurs bras... parmi cette armée on voyait aussi d'immondes mélanges entre des formes animales plus ou moins reconnaissable. Comme l'immense créature, de près de quatre mètres de haut, semblable à une fusion entre une araignée, un homme et un quelconque rapace : Huits pattes puissante couverte d'un poil noir jaie, un buste d'homme surdimensionné et diforme, et deux bras qui n'ont plus rien d'humains, se terminant par des serres tranchantes plutôt que des doigts... et cette bête n'est qu'un aperçu de ce qu'on peut y observer.

" Sieur Eralan ? Sieur Elaran ? "

Le capitaine secoue la tête, reprennant ses esprits et observant le soldat à ses côtés.

" Sieur, un messager de Telak... "

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" Si votre armée est-ici, c'est providence... Ahmteashar en a voulu ainsi, nous Telas ne sommes pas vos ennemis. Ils devaient venir ici... les signes le confirmait. Vous n'avez été, que deplacé, dans votre intérêt. "
" Vous nous avez manipulé ?! Vous..."
" Coupant la parole du capitaine par sa voix douce, mielleuse, envoutante. Dans votre intérêt... capitaine. Vos forces sont prêtes, elles ont deux choix possibles. La mort, en nous combattant, et nous serons tout deux submergés par cette vague sauvage, ou la gloire, dos contre dos face à ses abominations. Le choix est votre capitaine, c'est ici votre domaine, votre ville, vos habitants..."
" Un sentiment d'impuissance étreint Eralan... qui reprend néanmoins : Je... je, n'apprécie pas vos méthodes... mais votre aide sera la bienvenue... Quel est votre ... "
" Une fois de plus coupé. Plan ? Il est extrèmement simple... Le Téla est alors saisit d'un sourire sardonique, avant de passer aux explications... "

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" Le capitaine ? Où est-il ? Nous attendons son ordre..."
" Du calme officier Grenolin... Eralan prie Mustis. "

Sur une des collines, le capinaine est agenouillé, la tête contre le pommeau de son arme planté dans le sol.

" Et fait que mes enemis fuit devant ma route, qu'il craigne ma colère comme il craigne Ton nom... Il marque une pause... Mustis, je ne connais tes desseins en cet instant, je ne sais pourquoi les terres qui me sont confiées connaissent un fléaux qui fait partie du passé, je ne sais pourquoi mon devoir m'interdit ce que la raison me pousse à choisir... je ne sais pas de nombreuses choses, mais si c'est là une épreuve, alors j'y ferai face, la tête haute ! "

Les derniers mots prononcés avec fureur, Eralan s'est relevé, ayant saisit son arme et la pointant vers la horde qui se rapproche dangereusement...

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" Les Impériaux sont prêts... ils n'attendent que le signal. "
" Que la Main Noire d'Ahmteashar s'abattent sur ceux qui l'ont abandonné. " La voix était dure, froide comme la glace, Dared avait parlé, le carnage pouvait commencer.

Un bruit assourdissant, comme si un monstre cruel avait broyé un homme entre ses doigts, provoquant un craquement fort et repugnant. La baliste Tela venait de cracher un nouveau trait, long comme un homme, large comme un bras, s'élevant au dessus des mortels dans un parfait silence... Quittant un instant le concert des cris et des râles... l'enfer de la bataille...

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Frapper... frapper encore, frapper encore et encore... jusqu'à ce que plus rien ne bouge... plus rien... Qu'importe que ce soit alliés ou ennemis, du moment que ça bouge. Ainsi avait-il été conçu par les façonneurs, une création vouée à la mort... une fois sur le combat, les toxines faisaient leurs effets... Et la bête, qui n'avait presque plus rien d'humain si ce n'est le torse, voyait ses peurs inhibées, sa force augmentée, sans savoir que les agents chimiques parcourant son corps la détruisaientt petit à petit...
Elle fauchait, à droite à gauche, prenant aussi bien dans les troupes Impardonnées que dans la milice d'Edeloth...

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L'épée s'enfonça de moitié, et d'un mouvement puissant, Eralan traversa les côtés dans une effusion importante de sang, qui vint rougir un peu plus son uniforme impérial. Son bras était pourtant moins sûr, plus lent... ce n'était pas le premier qui tombait à ses pieds... et le Capitaine savait que ce ne serait le dernier, profitant d'une absence d'adversaire à portée pour observer le carnage ambiant... Rien de comparable, non cela ne resemblait à rien... un rêve, un chauchemard... du moins s'eut été son souhait, un simple songe, aussi désagréable soit-il. Écartant ces idées de sa tête Eralan raffermissa sa poigne sur son arme, et replongea dans les combats...

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La ligne Tela était encore parfaite, un seul homme avait mit genoux à terre, pour être immédiatemment remplacé... et c'est avec le désintérêt le plus total que Dared l'observait. Les Impardonnés, bien que puissants et nombreux, étaient prit en étau, et la charge de la nouvelle phalange s'annonçait imminente... une bataille gagnée avant même d'être amorcée...
Ahmteashar avait vu loin...

( à suivre... après quelques aspirines... )